Je suis surpris de découvrir que le geyser est une attraction touristique dans tout ce qu'elle a de plus laid et de plus pénible. Les autocars déversent leur flot de touristes qui parlent fort et marchent sur les plantes jusqu'au site, aménagé comme un amphithéâtre avec des bancs semi-circulaires autour dudit geyser. Moi qui étais venu en Nouvelle-Zélande pour la nature sauvage, je suis un peu déçu. J'ai l'impression d'être dans une attraction américaine et j'ai hâte de voir autre chose.
Je disais donc que le geyser est censé jaillir tous les matins à 10h15 précises. Seulement voilà, la bonne vieille lady Knox a un cycle de 24 à 36h et le geyser peut donc jaillir alors que les touristes ne sont pas là ! Horreur !! Donc parce que l'homme adore essayer de contrôler la nature, nous voyons un gardien débarquer avec son micro devant le geyser fumant. Il nous explique que pour aider l'eau bouillante à jaillir, il va verser des paillettes de savon biodégradable dans le cône.
Et là, devant les yeux ébahis de grosses touristes américaines en short, le geyser commence à jaillir, libérant la pression.
Le coup du savon n'est pas du au hasard : La découverte de l'action du savon a eu lieu grâce à des prisonniers qui construisant la route toute proche au début du XXème siècle. Ces prisonniers n'avaient pas de quoi se laver, et comme ils étaient inventifs ils avaient repéré une source chaude à l'emplacement actuel du geyser. A force de constater que le geyser explosait à chaque fois qu'ils venaient y faire leur lessive, ils ont fini par établir un lien de cause à effet. Lady Knox n'était d'ailleurs pas un cône à l'origine : ce sont les prisonniers qui rassemblèrent des gravats alentours pour que le geyser soit canalisé et monte plus haut dans le ciel...
Nous délaissons Lady Knox pour nous rendre dans la Vallée de Waimangu, dont le nom signifie "les eaux noires". Eaux noires à cause du Geyser de Waimangu qui recrachait de la boue sombre. Ce geyser, le plus grand du monde, a cependant eu une existence très éphémère (1900 à 1904).
La vallée de Waimangu se découvre à pied par un sentier balisé qui descend jusqu’aux berges du lac Rotomahana, face au Mont Tarawera. C’est une agréable randonnée qui permet d’approcher plusieurs des cratères formés lors l’éruption du 10 juin 1886. Je vous parlerai de cette éruption dans mon prochain post. Ce qui est extraordinaire en tous cas, c'est que Waimangu est le seul lieu géothermal au monde dont on connaît avec certitude la date de formation.
Le lac Emeraude
Le Frying Pan Lake : le plus grand lac d’eau chaude du monde, dans le cratère Echo. Il est entouré de sources d’eau chaudes, de fumerolles et surtout son eau est acide (pH 3,5), et son eau de 55° environ. Il est dominé par le Rocher de la Cathédrale, monolithe fumant, autrefois appelé Rocher de Gibraltar à cause de sa ressemblance avec le rocher historique, mais qui a du être renommé, ayant complètement changé de forme suite à l’éruption de 1917 ayant formé le lac.
Notre guide nous montre une fougère argentée, symbole du pays. Il nous explique que ses feuilles réfléchissent la lumière, et qu'un randonneur perdu en forêt a pu être repéré par les hélicoptères de sauvetage parce qu'il avait coupé et étalé dans une clairière un vaste parterre de fougères argentées, retournées côté argent.
Le débordement du lac Frying Pan forme un ruisseau ayant une température d’environ 55°C, avec un volume d’environ 100 l par seconde. Le long de ses berges, le ruisseau forme des dépôts qui contiennent des traces d’éléments tels que l’antimoine, le molybdène, l’arsenic et le tungstène. Ces minéraux et les algues brunes verdâtres donnent des couleurs spectaculaires : orange, marron, vert et jaune.
Nous montons jusqu'au Cratère Inferno, dont la belle couleur bleu glacé me fascine. Ses eaux peuvent atteindre la température de 80°c et son pH de 2,1. Le niveau du lac suit des cycles compliqués, et il possède un geyser intérieur.
L'eau de ce cratère est pure. Le guide nous explique que c'est dans ce type de cratères que l'on peut faire cuire des aliments, car l'eau n'est pas chargée en éléments toxiques.
J'ai appris par la suite que le 3e volet de Jurassic Park a failli être tourné là, l'acteur Sam Neill étant de plus Néo-Zélandais, mais comme cela supposait la destruction d’une partie des arbres de la vallée, les autorisations de tournage ont été refusées. Tant mieux, car le panorama est à couper le souffle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire