lundi 9 février 2009

La tragédie du Mont Tarawera

Si la matinée est consacrée à la découverte des merveilles géologiques de Rotorua, l'après-midi est plutôt centré sur l'histoire récente de la région. Cette histoire a été forgée notamment par un événement traumatisant : l'éruption du volcan Tarawera le 10 juin 1886.

Avant de vous en parler, voici un aperçu topographique de nos excursions : en rouge le matin, en bleu l'après-midi.
En chemin vers le lac Tarawera, nous nous arrêtons pour contempler le lac Tikitapu (Blue Lake) et le lac Rotokakahi (Green Lake). Le lac Tikitapu doit son nom à une histoire Maorie : la fille d'un chef de tribu y avait perdu son tiki (son pendentif en forme d'être humain) et le chef avait déclaré l'endroit tapu. L'interdiction a finalement été levée et le lac, situé dans une caldera, est aujourd'hui très populaire pour les sports nautiques. Le lac Rotokakahi, quant à lui, est toujours un endroit sacré où il est interdit d'aller. Son nom vient de l'abondance des coquillages qu'on y trouve.
Voici le lac Tarawera, au pied duquel se trouve le fameux volcan qui fit tant de dégâts dans la nuit du 10 juin 1886. Je vais essayer de résumer toute l'histoire :
Au milieu du XIXe siècle, le Lake Rotomahana, aux abords de Rotorua, était un site touristique majeur. Des visiteurs de tous les coins du monde venaient admirer les Pink and White Terraces (en maori Otukapuarangi « fontaine du ciel nuageux » et Te Tarata), deux magnifiques et larges terrasses, roses et blanches, formant des petites piscines étagées. Elles résultaient d’une agrégation, depuis des siècles, de silice déposée par les eaux thermales : l'eau chaude contenant de grandes quantités de bicarbonate de calcium avait précipité le carbonate de calcium, laissant de grosses couches blanches de calcaire et de travertin sur les collines, formant des étangs et des terrasses naturels. Elles sont encore aujourd'hui présentées dans la région comme la 8e merveille du monde.

Le village Maori Te Waiora, près du lac Tarawera, était le point de départ pour les visiter. A partir de là, un guide et des barques emmenaient les touristes voir les terrasses. Le mont Tarawara, qui n’avait jamais été vu actif par les Maori ayant débarqué sur l’île depuis 500 ans, dominait le lac.

Le 31 mai 1886, la principale guide, Sophia Hinerangi, emmena les touristes voir les Terrasses. Lorsqu’ils traversèrent le lac, ils croisèrent un canoë de cérémonie d’un type qui n’avait pas été vu sur le lac depuis 50 ans. Le Waka wairua (le canoë fantôme) a été vu par tous les touristes de la barque, Maoris ou Pakeha. Pour les Maoris, l’apparition du canoë était un signe d’un désastre imminent, confirmant une calamité suspendue, que Tuhoto Ariki, un prêtre de 104 ans, vivant à Te Wairoa, avait déjà annoncée.

Il s’avéra que le vieux Tohunga avait raison : aux premières heures du 10 juin 1886, il y eut un tremblement de terre et des sons sourds, et le Mont Tarawera illumina le ciel avec des boules de feu. Quand l’éruption fut finie 5 heures plus tard, plus de 1500 km2 avaient été détruits et brûlés par la lave et de la boue. Trois villages maoris, dont Te Wairoa, furent rasés, 153 personnes furent tuées, les légendaires Terrasses Blanches et Roses furent détruites, et le Mont Tarawera, coupé dans sa longueur pour créer le rift de Waimangu.
Notre guide
Après avoir contemplé le lac Tarawera, nous nous sommes rendus au village enseveli de Te Wairoa, où se situait notamment l'hôtel Rotomahana, point de départ des excursions vers les Terrasses Roses et Blanches. Le site est devenu un musée plutôt bien fait : dans le bâtiment principal est racontée l'histoire du village et de l'éruption (que nous connaissions déjà puisque nous avions vu une expo au Rotorua Museum), et le terrain alentours a fait l'objet de fouilles qui ont mis au jour l'ensemble des vestiges du village enseveli sous les cendres, avec la maison du prêtre, celle de la guide Sophia, les autres habitations et lieux communautaires. En contrebas se trouvent les Chutes Wairere.
Les Pink & White Terraces
Le village enseveli
La maison du prêtre
Koru est le nom maori pour la fronde de fougère jeune en train de dérouler. Il est souvent utilisé dans la sculpture et le tatouage maori néo-zélandais, étant symbole de la renaissance, la croissance, la force et la paix. Il est un symbole de la flore néo-zélandaise, du pays lui-même, et de la compagnie aérienne Air New Zealand.
Les Chutes Wairere

Nous rentrons ensuite en ville, où il nous faut encore prendre les bagages. Notre guide est sympa, il nous aide à les charger dans le bus et nous emmène à l'Office de Tourisme où nous prenons l'autocar pour Auckland... Au revoir Rotorua, au revoir cratères jaunes et bleus, volcans et mares de boue, et surtout adieu l'odeur d'oeuf pourri !

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